Bouddhisme : l'imposture Sogyal Rinpoché

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’habit ne fait pas le moine… notamment chez les bouddhistes ! Réputée "peace and love", cette religion donne parfois lieu à de graves dérives, passées sous silence avec la bienveillance d’un Occident en manque de spiritualité. Retour dans "Marianne" cette semaine sur un exemple édifiant, celui de Sogyal Rinpoché.
Sogyal Rinpoché en 2008 - CHAMUSSY/SIPA

En 2011, Marianne publiait un reportage sur le centre de retraite bouddhiste Lérab Ling, situé dans l’Hérault, à une heure de route de Montpellier. On avait pu observer à cette occasion que le maître des lieux, un lama tibétain du nom de Sogyal Rinpoché, s’y livrait - et s’y livre encore – à d’étranges pratiques. Les humiliations publiques de ses collaborateurs, parfois agrémentées de gifles ou de coups assénés à l’aide de son gratte-dos, sont monnaie courante. Sogyal Rinpoché est également adepte des plaisanteries racistes et scande volontiers "Heil Hitler" lorsqu’il s’adresse à un disciple allemand. Celui qui avait posé en 2008 aux côtés du dalaï-lama, de Carla Bruni, Alain Juppé, Rama Yade ou encore Bernard Kouchner (voir photo ci-dessous), reste aujourd'hui encore une figure incontournable du bouddhisme.

Cinq ans après le premier article de Marianne, deux voix s’élèvent pour dénoncer l’imposture. Docteur en anthropologie des religions, Marion Dapsance publie chez Max Milo Les dévots du bouddhisme, livre édifiant qui fait la somme de ses longues années d’enquête sur les coulisses du bouddhisme en France.

Ce que l'auteur décrit dans son livre, Olivier Raurich en a été le témoin privilégié. Il a en effet été le traducteur de Sogyal Rinpoché, ex-directeur de Rigpa France, l'organisation fondée par "le maître" pour lequel il a travaillé pendant vingt-huit ans avant de claquer la porte l’été dernier. Il témoigne pour la première fois et livre, cette semaine dans Marianne, un éclairage salvateur.

"Il y a toujours eu des bruits disant qu'il abusait de jeunes femmes..."

Sur Sogyal Rinpoché notamment, il pointe "l'immense décalage" entre "le personnage et le discours" : "il aime le luxe, la mode, les films américains violents ; l'écologie et les questions sociales ne l'intéressent pas du tout." Il n'est pas du tout "gêné" par ailleurs de faire "son propre éloge immodéré devant tout le monde. Il voyage dans des hôtels de grand luxe, s'entoure de gadgets électroniques les plus coûteux. (...) Il y a toujours eu des bruits disant qu'il abusait de jeunes femmes, pas par violence physique, mais par une emprise psychologique énorme. Mais tout cela était officiellement justifié par le concept de 'folle sagesse', selon lequel les grands maîtres peuvent commettre des actes incompréhensibles pour le commun des mortels." 

Olivier Raurich explique par ailleurs ne pas comprendre l'absence de réaction de la part du dalaï-lama alors que ce dernier "a exprimé clairement que les comportements abusifs des maîtres doivent être exposés publiquement et explicitement". "Mon hypothèse, ajoute-t-il, est qu'il ne peut pas déconsidérer Sogyal Rinpoché publiquement parce que cela ébranlerait le bouddhisme tibétain."